Quand le soutien à ses limites
- zenitudetrans
- 18 mars
- 3 min de lecture

J'ai croisé des gens formidables dans mon parcours de transition. Des allié·es sincères, qui ont toujours été là pour me défendre, qui ont pris position avant même que les droits des personnes trans et non binaires sont existantes.
Malheureusement, certaines personnes acceptent les personnes gaies, lesbiennes et bis, mais dès qu'on parle de transitude, de non binarité, de fluidité de genre, les gens commencent à tiquer. Ils manifestent contre des discriminations évidentes, mais ne voient pas les maladresses et plus grave la transphobie qu'ils perpétuent. Ils se disent ouverts, mais refusent qu'on remette en question leur façon de penser la transidentité.
Depuis plus de 42 ans que mon débat sur la transitude se poursuit.
J'ai passé ma vie à lutter contre les normes imposées de la féminité qui ne me correspondaient pas, à apprendre à voir au-delà de ce qu'on m'a enseigné. Alors quand je me retrouve encore face à ces limites, j'essaie d'expliquer, de sensibiliser, de tendre la main pour les jeunes . Alors quand je me retrouve encore face à ces limites, j'essaie d'expliquer, de sensibiliser, de tendre la main pour les jeunes. Parce qu’eux, ils grandissent dans un monde où l’information circule plus vite, où les mots changent et évoluent, où les identités s’affirment de plus en plus tôt. Ils méritent mieux que l’incompréhension et le rejet voilé sous des airs de bienveillance incomplète.
Je parle pour eux, pour leur éviter ces regards hésitants, ces phrases maladroites qui font mal sans le vouloir. Je parle parce que je me souviens de ce que c’est, d’être un jeune qui cherche sa place, qui veut juste respirer sans avoir à se justifier. Je parle parce que si nous ne le faisons pas, qui le fera à notre place ?
Mais il y a des jours où la lassitude me rattrape. Des jours où je me demande si ça vaut la peine, si ce combat quotidien sert à quelque chose. Parce que malgré toutes les avancées, il reste encore tant de résistances, tant de barrières à briser. Et pourtant, je continue. Parce que je vois les regards qui s’illuminent quand un jeune entend enfin des mots qui résonnent avec ce qu’il ressent. Parce que chaque conversation, chaque explication, c’est une graine plantée. Peut-être que certaines ne germeront jamais, mais d’autres donneront naissance à des changements réels.
Alors oui, je continue. Pour ceux qui viendront après moi, pour ceux qui n’ont pas encore trouvé leur voix, pour que demain soit un peu plus doux que hier. Et parce que malgré la fatigue, malgré l’incompréhension, malgré tout… on mérite mieux que d’être tolérés à moitié. On mérite d’être compris, respectés, célébrés.
Je refuse de laisser les gens invisibiliser nos réalités sous prétexte qu'on dérange. La transidentité, ce n'est pas une tendance, ce n'est pas un débat. C'est une réalité. Une culture, une histoire, une lutte qui ne disparaîtra pas parce que certains choisissent de détourner le regard.
On existe, on a toujours existé. À travers les époques, à travers les cultures, malgré les tentatives de nous effacer, malgré les silences imposés. Et aujourd’hui, plus que jamais, on refuse de se taire. On refuse d’attendre que les autres nous accordent le droit d’être nous-mêmes.
On construit nos espaces, on écrit notre histoire, on porte nos voix. Peu importe ceux qui trouvent ça « trop », qui voudraient que l’on soit sages, discrets, conformes à leur vision du monde. Notre existence n’a pas à être validée par qui que ce soit.
Ils peuvent choisir de ne pas voir, de ne pas comprendre. Mais nous, on avance. On se tient debout, ensemble. On continue d’aimer, de rêver, de revendiquer. Parce que notre vie vaut plus qu’une tolérance conditionnelle. Parce que nous méritons plus que d’être réduits à une simple note de bas de page dans l’histoire.
Nous sommes là. Nous sommes fiers. Et quoi qu’ils en disent, nous ne disparaîtrons pas.
Alors non, je ne vais pas m'effacer.
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