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  • zenitudetrans

"Invisible dans le deuil"


Quand ma mère est décédée, je me suis retrouvé confronté à une situation à laquelle je n'avais pas vraiment préparé. En raison de ma transition et de mon éloignement des connaissances et de la famille éloignée de mes parents que je n'avais pas beaucoup côtoyé dans les dernières années.


Au salon, alors que j'étais dans la file des endeuillés avec mon père, les gens se tournaient vers moi, me serrant la main, s'interrogeant silencieusement sur le lien que j'avais avec la famille. Certains osaient même poser la question à mon père, qui je pouvais bien être. Sa réponse simple, "c'est mon fils", suffisait à semer la confusion dans les esprits. Avec mon frère également présent dans la file, je sentais les regards incrédules, les murmures interrogateurs.


Mon père, plongé dans son propre chagrin, ne cherchait pas à expliquer ma présence dans la file. Il n'était pas le moment de révéler au monde entier que sa fille était en réalité un garçon. Mais plus la journée avançait, plus je me sentais mal à l'aise, comme si je n'avais pas ma place là.


Alors, discrètement, je me suis retiré de la file, laissant les conversations et les regards curieux se poursuivre sans moi. Je me suis retrouvé comme un spectateur de ma propre vie, écoutant les gens se demander pourquoi la fille de ma mère n'était pas présente.


"Adrien n'a pas deux fils ?"


"La fille de Madeleine, comment se fait-il qu'elle ne soit pas là ?"


Ces mots résonnaient dans ma tête, me rappelant cruellement ma dualité, ma position inconfortable entre deux identités. Dans ce moment de deuil, je me sentais étranger, incompris, comme si mon propre deuil était nié, effacé par les perceptions et les attentes des autres.


Mais malgré tout, je savais que j'avais fait ce qui était le mieux pour moi, pour préserver ma propre intégrité et mon confort émotionnel. Même si cela signifiait être mal compris, même si cela signifiait être vu comme un étranger dans ma propre famille, je savais que je devais rester fidèle à moi-même, même dans les moments les plus difficiles.


Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel

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