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  • zenitudetrans

''Lettre à mon petit bout de chou''




5 mois, 6 mois, 7 mois, 8 mois, 9 mois, voilà, je suis parachuté dans le monde de la parentalité. Je me souviens très bien de l’expression heureuse de ma blonde quand je lui ai dit : « Oui, je le veux bien, ce petit poupon. »


Mais je ne vivrai jamais ce moment fabuleux d’annoncer avec fierté à mes parents : « Votre fils va être papa. » Ça doit être un beau moment, cette orgueilleuse fierté d’être père.


Si vous voulez le savoir, mes parents n’étaient pas tellement d’accord que j’élève l’enfant d’une autre femme, pas plus sympathiques à l’existence de notre couple d’ailleurs. Ma mère voyait l’enfant comme un obstacle à ma vie.


Quelques minutes après ta naissance, une infirmière est venue te déposer dans le creux de mes bras. Je n’ai pu retenir mes larmes, pour une fois, j’aurais tant voulu prononcer ces mots : « Salut, mon petit bout de chou, je suis ton papa. »


Le bonheur de mon existence de père auprès de toi, que je chéris déjà, par la fatalité de mon sexe féminin, restera dans mon imaginaire, jamais il ne sera un fait réel.


Lettre à toi, mon petit bout de chou.


Je ne suis pas ton père, ni ta mère, il n’y a rien dans ta génétique qui vienne de moi. Tu vois, belle enfant, il y a déjà une vraie maman pour toi, moi je suis l’autre que tu ne sauras nommer.


T’en fais surtout pas, ma petite chérie, ce n’est pas grave !


Je ne voulais tout simplement pas être quelqu’un dans ta vie qui ne sache pas dire « je t’aime ». Je ne voulais tellement pas te voir grandir auprès de moi en fausse doublure. Je m’efforce d’être un bon parent, je te donne le meilleur de moi.


Je me faisais malgré tout le rêve qu’un jour j’allais entendre « papa, je t’aime ».


Je fantasmais d’aller chasser les monstres sous ton lit et t’entendre dire : « Papa, tu es mon héros. » C’est fou, hein !


Tu es bien petite pour comprendre tout ce charabia que je raconte. J’ai le cœur maussade, comment t’expliquer tout ce brouillard dans ma tête, toute cette folie de l’homme que je suis. Comment te décrire ce silence accablant qui me mine, qui me tourmente et me dévore quand tu essaies de prononcer mon prénom féminin. Ce n’est pas ta faute, je ne peux pas t’en apprendre un autre. Qu’est-ce que les gens diront si tu m’interpelles par un prénom masculin ? Les gens seront méchants avec nous.


Le père est une nécessité biologique, mais moi je ne serai jamais père, je suis un accident de la nature.


Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel


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