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  • zenitudetrans

''Ma vie à petites doses''


J'allais commencer l'éducation aux adultes, mais j'ai renoncé car je buvais ma vie à petites doses, je roulais ma vie dans le cannabis à petites doses, je vivais mes amours à très petites doses. Cette période de ma vie que j'ai nommée "bad boy".


Je crois que je vais bien, j'en suis pas trop certain. Dans ma tête c'est la grande noirceur, je n'ai aucune idée comment va se dessiner l'avenir. Si vous voulez le savoir, je m'en fous totalement. Du moins pour l'instant.


Je martèle de pied ferme la route de ma marginalité, celle qui depuis mon enfance m'était enseignée comme honteuse. Il faut que j'exprime quelque chose sinon j'explose.


Je suis déterminé à vivre ma vie de lesbienne masculine malgré les aspects négatifs que ce coming-out aura comme conséquences. J'ai assez existé pour les autres, maintenant j'existe pour moi-même.


Voilà qu'un samedi matin, je reçois la visite de parents tracassés et très inquiets. "Nous sommes bien inquiets de toi ma fille, tu ne nous donnes plus de tes nouvelles depuis un certain temps, tu vas bien ?"


"Bien, maintenant que vous vous êtes déplacés pour vous informer de mon bien-être. Je vais vous le dire. Je dépéris depuis mon enfance, ma joie de vivre est gangrenée, l'appétit est une option de survie et le sommeil est un luxe que je ne peux plus m'offrir. Mon enthousiasme face à l'avenir est nul. Je suis allé voir un médecin l'autre jour, il m'a dit que d'ici trois semaines je vais voir la vie en rose, grâce à une petite pilule. Ça m'a fait sourire, je n'ai jamais vu la vie en rose, ça va faire tout un changement, moi qui la peins en noir depuis tant d'années. J'avoue, j'aide la pilule à faire de l'effet, je l'imprègne d'une bonne rasade d'alcool, c'est fou comme ça casse mes angoisses. Ne vous en faites donc pas pour moi, je suis sur la bonne voie de la guérison de l'être, je m'efforce de sortir de cette propagande sociale qui dicte notre mode de conduite. Vous en déplaise, votre fille n'en est pas une. Peut-être vivrai-je mieux ma vie dans un cocon de lesbienne, puisque rien d'autre ne m'apparaît possible pour changer ce tégument qui me donne un air d'animal de cirque."


J'arrête ici ce discours de folie, vous pensez, je n'ai rien dit de tout cela à mes parents. Mais Dieu sait que j'aurais voulu en avoir le courage, quelle libération ce serait de mettre à nu ce moi.


"Je vais bien, je suis plus occupé depuis quelques temps et plus fatigué, rien pour vous inquiéter plus que ça".


Mes parents sont repartis sans que je leur annonce ma récente vie amoureuse une lesbienne.


Ma période bad boy était à la croisée des chemins, un choix de destination pas des plus faciles, toutefois elle révélait une envie brutale de changer ma vie.


Une pré-phase de transition s'amorçait. Je dirais aujourd'hui, sans le savoir à ce moment-là, que je vivais un revirement de l'être. Pas tant celui de l'homme que j'espérais, mais l'affirmation de mes choix. C'était un départ d'escargot vers le moi, celui vers lequel j'étais en route.


J'ai vécu pleinement cette période bad boy, même au risque de faire mal à ceux que j'aimais. C'était ma révolte, c'était l'expulsion de tout le mal qui m'habitait.


Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel

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