''Pourquoi je veux un pénis''

Il y a quelques mois, lors d'une séance avec mon psychiatre, j'ai été confronté à une question qui m'a profondément marqué : « Pourquoi tu veux un pénis ? » Cette question, posée avec toute la bienveillance et la curiosité professionnelle de mon médecin, m'a poussé à réfléchir et à verbaliser des sentiments que je portais en moi depuis si longtemps.

Depuis aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu un vide en moi. Un vide qui, malgré tous mes efforts pour l'ignorer ou le combler par d'autres moyens, persistait. Ce n'est pas un simple caprice ou une question de confort. Pour moi, ce besoin de transitionner physiquement, d'obtenir un pénis, est fondamental. Il va bien au-delà de la sexualité. C'est une nécessité intrinsèque pour mon bien-être et mon identité.

Je me souviens avoir répondu à mon psychiatre en essayant d'expliquer ce vide. « Il y a un vide, » ai-je dit. « Je veux combler ce vide parce que c'est un besoin fondamental pour moi. Ce n'est pas seulement une question de sexualité. Je ne peux pas imaginer mon corps masculin sans pénis. »

Ces mots, pourtant si simples, portaient en eux des années de lutte intérieure, d'incompréhension et de frustration. J'ai passé une grande partie de ma vie à me sentir déphasé, comme si mon esprit et mon corps ne s'accordaient pas. Chaque fois que je me regardais dans le miroir, je voyais une version incomplète de moi-même.

La dysphorie de genre n'est pas facile à décrire à ceux qui ne l'ont jamais vécue. C'est comme porter un masque en permanence, un masque qui ne reflète pas qui vous êtes vraiment. Avoir un pénis, pour moi, représente bien plus qu'une simple partie du corps. C'est une pièce essentielle du puzzle de mon identité, une clé qui m'ouvre la porte vers une existence où je me sens enfin aligné avec moi-même.

La société a souvent tendance à réduire la transition de genre à une simple question de sexe ou de désir sexuel. Pourtant, pour beaucoup d'entre nous, c'est avant tout une question d'identité et de bien-être psychologique. Mon besoin d'avoir un pénis n'est pas motivé par une quelconque obsession sexuelle, mais par une nécessité de me sentir complet et en harmonie avec mon identité masculine.

J'ai appris à accepter que mon parcours est unique et qu'il n'y a pas de manière « correcte » de vivre sa transition. Ce qui compte, c'est de trouver ce qui me rend heureux et aligné avec moi-même. Aujourd'hui, je continue mon chemin avec une détermination renouvelée, conscient que chaque étape me rapproche un peu plus de cette harmonie intérieure.

Je partage mon histoire non seulement pour me libérer, mais aussi pour aider ceux qui pourraient se sentir seuls ou incompris dans leur propre parcours. Si vous ressentez ce vide, sachez que vous n'êtes pas seuls et qu'il est essentiel de chercher le soutien et l'accompagnement nécessaires pour combler ce vide de manière authentique et saine.

Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel