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  • zenitudetrans

''Pourquoi je veux une mastectomie''


La question de mon psychiatre, "Pourquoi tu veux une mastectomie, il y a des hommes qui ont plus de seins que toi ?" me bouleverse au plus haut point. Cette question, bien que peut-être posée avec de bonnes intentions, a touché une corde sensible en moi, exacerbant une douleur déjà omniprésente. Chaque fois que j'entends ce genre de remarque, je me sens incompris et diminué, comme si ma souffrance n'était pas légitime parce qu'elle ne répond pas à des critères externes de gravité.


Déjà, le test de vie en société sans hormonothérapie est moralement épuisant. Ce test, exigé avant de pouvoir accéder à certaines interventions médicales, me demande de vivre dans un monde qui ne me reconnaît pas pleinement. Je me sens comme un mendiant qui quête quelques sous pour sa subsistance, toujours à la recherche de l'acceptation et de la validation de ma propre identité. Chaque jour, je suis confronté à des regards, des questions et des jugements qui mettent à l'épreuve ma détermination et mon bien-être mental.


C'est vrai que j'ai un bonnet A, et selon certains, je ne devrais pas m'en plaindre. Il y a des gars trans pire que moi, ceux qui ont des poitrines plus volumineuses et qui doivent gérer encore plus de dysphorie et de gêne. Cependant, cette comparaison est injuste et ignore la nature profondément personnelle de la dysphorie de genre. Ce n'est pas la taille de la poitrine qui importe, mais ce qu'elle représente pour moi. Pour moi, cette poitrine est signée d'un grand F majuscule, un rappel constant et inévitable de mon sexe assigné à la naissance. Elle est pour moi un désastre, un obstacle quotidien à ma paix intérieure et à mon confort dans mon propre corps.


La dysphorie de genre est unique à chacun, et elle ne se mesure pas en termes de gravité apparente. Ce qui peut sembler minime pour une personne peut être accablant pour une autre. Ma poitrine, bien que petite selon les standards externes, est une source majeure de dysphorie pour moi. Chaque fois que je la vois ou que je la ressens, je suis rappelé de l'incongruence entre mon corps et mon identité de genre. Cela affecte ma confiance en moi, ma capacité à interagir avec les autres et ma qualité de vie globale.


Pour moi, la mastectomie n'est pas une simple envie ou un caprice ; c'est une nécessité. C'est une étape cruciale pour me permettre de vivre pleinement et authentiquement en tant que moi-même. Elle représente la possibilité de me libérer d'une partie de ma dysphorie et de me sentir enfin à l'aise dans mon propre corps. C'est un investissement dans ma santé mentale et émotionnelle, une chance de reconstruire ma vie sur des bases plus solides et plus alignées avec qui je suis vraiment.


La route vers l'acceptation de soi en tant que personne trans est parsemée de défis et de moments de découragement. Les questions et les remarques des autres peuvent parfois ajouter à cette lourdeur. Cependant, il est essentiel de se rappeler que chaque parcours est unique et valide. La dysphorie de genre que je ressens à cause de ma poitrine est réelle et légitime, peu importe la taille de celle-ci. Je mérite de vivre une vie où je me sens bien dans ma peau, et pour moi, cela passe par la mastectomie. Ce n'est pas une quête pour obtenir de l'attention ou de la validation, mais un pas crucial vers ma propre paix intérieure et mon bien-être.


Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel

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