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  • zenitudetrans

''Un homme chez les lesbiennes''



Si je résume ma courte expérience amoureuse, ce paragraphe sera court. Un premier flirt timide à quinze ans avec ma belle Christine qui se termine par ma fuite à cause de la peur d'une affirmation de mon grand-père maternel sur la damnation de l'homosexualité. Mon second coup de cœur fut pour Claudette que j'ai quittée dare-dare par poltronnerie de décevoir ma famille par la brisure du mariage sacré.


Est-ce que cela fait de moi une personne à l'orientation sexuelle lesbienne ?


Voilà une sacrée question !!!


En tant qu'homme dont la nature a oublié de doter d'un corps masculin, je ne peux nier mon apparence physique féminine ; le miroir me le rappelle chaque jour. À quoi bon me servira mon être interne masculin chez les lesbiennes ? Je désirais m'intégrer dans cet univers lesbien un peu comme on s'intègre dans une secte.


J'ai donc fréquenté le bar gai L'arc-en-ciel avec ma voisine Ginette (qui soit dit en passant n'était pas lesbienne pour un sou mais curieuse) pour m'imprégner de leur langage corporel et amoureux.


Dans les années 80, la majorité des lesbiennes étaient plutôt masculines, je pouvais donc me mélanger à elles sans crainte, puisque j'avais déjà fait le pas vers les vêtements masculins.


C'était toutefois assez difficile d'enraciner dans mon esprit que la réalité de ces femmes était aussi la mienne, puisque je n'étais pas lesbienne par choix mais par défaut. Quoique moins rigide que la dictature hétéro sur la courtisanerie, les lesbiennes se plaisent, elles s'embrassent. Bingo ! Un couple vient de se former. C'est parfois aussi simple que ça. Mais pour moi, qui me considérais hétérosexuel, rien n'était simple.


Je me suis vite rendu compte que mon manque d'assurance m'imposait de rester en retrait. Si une fille m'abordait, je m'empressais de lui dire "j'attends ma blonde qui est aux toilettes, nous partons" et je décampais. Je ne suis pas encore prêt à faire le grand saut. Le fossé entre le petit homme dans ma tête et la lesbienne en devenir est encore un obstacle difficile à franchir.


Malgré tout, je continuais à fréquenter ces lieux lesbiens, j'observais, je tenais à être une lesbienne crédible. Même si je me sentais si faux comme lesbienne, je préférais de loin tout changer, plutôt que de prendre le risque de vivre une vie sans amour. C'était le chemin le plus proche de mon exactitude d'homme lesbien pour atteindre le bonheur.


Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel

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