Voilà 8 mois que mes voisins me voient évoluer physiquement. On ne peut plus dire que je suis une femme... En général, je n'avais aucun problème avec eux...
Un matin, sur mon pare-brise, un petit post-it m'attendait. Je pouvais y lire : « Icitte, les mutants du sexe, c'est pas un bon exemple pour nos enfants. Pis, moé, ça me dérange un voisin comme toé. DÉGAGE. »
Pas de signature.
Ce manège a duré trois semaines, avec un nouveau message agressif chaque semaine. Mais je ne savais toujours pas qui était derrière ces charmantes (rires) attentions à mon égard...
Un matin de congé, je décide de me lever plus tôt que d'habitude, je place une chaise devant la fenêtre où je pouvais voir ma voiture. Café en main, j'attendais de découvrir mon fidèle messager...
Une fois que j'ai pu identifier l'agresseur au post-it jaune, je décide de riposter.
Voici la lettre que j'ai collée à la porte de son appartement.
Cher voisin,
Il me fait plaisir de corriger votre manque de vocabulaire à mon sujet : je ne suis pas un mutant du sexe, je suis une personne transgenre engagée dans un processus de réassignation de genre... À ce que je peux voir, vous avez certaines connaissances de la transidentité puisque vous l'avez décelée sur ma personne.
Je suis désolé de constater qu'un homme comme vous, que je vois sortir tous les matins en bel habit cravate, aux allures distinguées, soit aussi mal engueulé avec les mots. J'avoue que cet aspect de vous me dérange. Ça me peine pour la langue française, si belle et si poétique.
Je crois, Monsieur, que l'exemple pour vos enfants commence par celui que vous montrez à votre progéniture. L'éducation au respect d'autrui relève de votre seule responsabilité. Moi, je n'ai rien à y faire...
Vous me suggérez de déménager, une île déserte ferait votre affaire. Mais avez-vous pensé que personne ne vous retient ici. Je paie mon loyer comme vous et j'ai renouvelé mon bail pour une prochaine année, revenez avec votre suggestion en juin prochain...
Au lieu d'écrire des post-it, venez donc frapper à ma porte, on pourrait discuter entre hommes et apprendre à se connaître davantage. Vous pourriez constater par vous-même que je ne suis pas une menace dans votre vie. Un petit café si ça vous tente ?
Samuel
Après cette lettre, je partais pour une semaine de vacances. Quelle surprise à mon retour, mon voisin avait déménagé... Je n'ai jamais su si c'était prévu ou si ma transidentité avait soudainement provoqué son déménagement.
Malgré tout, j'étais triste de voir une personne se sentir aussi mal au point de vouloir dicter la vie des autres.
Vivre et laisser vivre, il me semble que ce n'est pas si difficile... Tout le monde peut comprendre cela...
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