Alors que je filais vers le Saguenay pour un week-end bien mérité en compagnie de mes parents au chalet sur la Zec Vaillancourt, une rencontre inattendue se profilait à l'horizon. Le soleil brillait, la route défilait sous les roues de ma voiture, et je me laissais emporter par la perspective de retrouvailles chaleureuses.
Cependant, mon enthousiasme fut brusquement interrompu lorsque les gyrophares de la police clignotèrent derrière moi. Mon cœur s'emballa et une boule d'anxiété se forma dans mon estomac. Mes pensées se bousculaient alors que je me garais sur le bas-côté.
Un officier de police s'approcha de ma voiture, demandant les documents habituels. Mon pouls s'accéléra alors qu'il scrutait mon permis de conduire. Puis vint la question redoutée : "Vous m'avez donné le permis de conduire de votre épouse, Monsieur."
Pris au dépourvu, je bredouillai :
"Euh, non Monsieur l'agent, il s'agit bien de moi. Je suis une personne trans et mes papiers ne sont pas encore changés, vous comprenez."
Le policier parut surpris, son regard oscillant entre moi et mon permis. Un silence pesant s'installa, tandis que je redoutais sa réaction. Puis, avec une bienveillance inattendue, il murmura :
"Un instant Madame, je vous reviens."
Mon souffle se bloqua dans ma gorge alors qu'il retournait à sa voiture. Les secondes semblaient s'étirer, remplies d'anticipation et d'appréhension.
Que se passerait-il ensuite ?
Une multitude de scénarios tournoyaient dans mon esprit.
Finalement, le policier revint vers moi, un sourire timide aux lèvres.
"Madame, je m'excuse pour le malentendu", dit-il poliment.
"Je comprends maintenant la situation. Je vais simplement vérifier quelques détails supplémentaires et vous pourrez reprendre votre route."
Je pris une profonde inspiration avant de lui adresser la parole.
"Monsieur l'agent, je tiens à vous expliquer pourquoi il est si important d'utiliser le bon genre lorsqu'on s'adresse à une personne trans."
Le policier sembla attentif, prêt à écouter mes explications. Je continuai :
"Pour une personne trans, être reconnue dans son genre réel est une question de respect et de dignité. Lorsqu'on utilise le mauvais genre pour nous désigner, cela peut être très blessant et invalidant. C'est comme si notre identité était niée, comme si nous n'étions pas vraiment ce que nous savons être au plus profond de nous-mêmes."
Le policier hocha la tête, semblant absorber mes paroles.
"Je comprends maintenant Monsieur", dit-il d'une voix calme. "Je suis désolé pour l'erreur que j'ai faite tout à l'heure. Je vais faire de mon mieux pour m'assurer de ne pas répéter cette erreur à l'avenir."
Un sentiment de soulagement m'envahit alors que je regardais le policier s'éloigner. Malgré mes craintes, j'avais été traité avec respect et compréhension. Cette rencontre fortuite avec les forces de l'ordre avait été un rappel poignant de l'importance de la sensibilisation et du respect envers les personnes trans.
Reprenant ma route vers le chalet, je fus envahi par un sentiment de gratitude envers ce policier aimable. Ce week-end avec mes parents serait d'autant plus précieux après cette rencontre. Et bien que le chemin puisse être semé d'embûches, je savais que je pouvais le parcourir avec dignité et détermination, soutenu par des moments de compréhension et d'empathie comme celui-ci.
Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel
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