top of page
  • zenitudetrans

Vivre l'intimidation en silence, mon expérience en tant qu'enfant trans intériorisé

Grandir en tant qu'enfant trans dans les années 1960, dans un monde qui ne comprenait pas mon identité, a été un défi immense. Pendant des années, j'ai intériorisé mes sentiments, caché ma véritable nature et enduré des expériences d'intimidation qui ont laissé des cicatrices profondes. Aujourd'hui, je veux partager quelques-unes de ces expériences, non seulement pour exorciser mes propres démons, mais aussi pour donner une voix à ceux qui, comme moi, ont souffert en silence.


Dès mon plus jeune âge, j'ai senti que quelque chose était différent en moi. Alors que les autres enfants semblaient à l'aise dans leur peau, j'étais en proie à un malaise constant. J'étais un enfant malgré tout souriant et plein de vie... mais plutôt réservé. J'ai fait ma première année au primaire à Péribonka, où j'étais un élève docile et un camarade de bonne compagnie. Mais tout a changé quand nous avons déménagé.


Dans ma nouvelle école, les enfants ont rapidement compris que je ne me défendais pas. Ils ont commencé à tester mes limites. Un jour, un garçon de ma classe m'a fait une jambette dans la cour d'école. Je suis tombé, et au lieu de me mettre en colère, je n'ai rien fait, je ne me suis plaint à personne. Cela est devenu une fâcheuse habitude.


Le désir d'être accepté et aimé m'a poussé à tolérer des comportements cruels. Je n'étais pas seulement le nouvel élève ; j'étais aussi celui qui ne correspondait pas aux normes de genre. Les garçons ne voulaient pas de filles dans leur jeu de ballon, et les filles me trouvaient trop étrange pour m'inclure dans leurs cercles. Une fois, pendant un cours de sport, j'ai été choisi en dernier pour une équipe de basket. Pendant tout le jeu, ils m'ignoraient, ne me passaient jamais le ballon. Quand j'ai finalement eu l'occasion de tirer, j'ai raté, et les moqueries ont fusé. Les rires, les regards condescendants, tout cela s'ajoutait à mon sentiment d'inadéquation.


Les moqueries n'étaient pas toujours directes. Parfois, elles prenaient la forme de commentaires subtilement venimeux. "Pourquoi tu marches comme ça ?" "Pourquoi tu te caches pour ne pas jouer avec les filles à la récréation ?" Chaque mot, chaque regard était une piqûre de rappel que je n'étais pas à ma place. Je me souviens d'une fête d'anniversaire où j'ai été invité par politesse. Pendant toute la fête, j'ai été ignoré, laissé de côté pendant que les autres enfants jouaient ensemble. Le sentiment de solitude était écrasant.



Ces expériences ont peu à peu érodé ma confiance en moi. J'ai commencé à m'isoler, passant mes récréations à lancer une balle au mur loin des autres enfants, où je pouvais m'évader dans un monde où je me sentais en sécurité. L'intimidation constante m'a appris à me taire, à ne pas faire de vagues. J'ai intériorisé ma douleur, me convainquant que c'était le prix à payer pour ne pas être rejeté complètement.


Ce n'est qu'après des années de silence que j'ai trouvé la force de m'affirmer. Le processus a été long et douloureux, mais essentiel pour ma survie. En grandissant, j'ai rencontré des personnes qui m'ont accepté pour qui j'étais réellement. Leur soutien m'a aidé à réaliser que je n'avais pas à cacher ma véritable identité pour être aimé.


Partager mon histoire d'intimidation en tant qu'enfant trans intériorisé n'est pas facile, mais c'est nécessaire. Les cicatrices émotionnelles de ces années sont profondes, mais elles font partie de ce qui m'a forgé. À tous ceux qui vivent des expériences similaires, je veux dire ceci : votre douleur est réelle et valide. Vous méritez d'être accepté et aimé pour ce que vous êtes. N'ayez pas peur de chercher du soutien et de parler de ce que vous vivez.


Chaque acte de résilience, chaque pas vers l'acceptation de soi est une victoire. Ensemble, nous pouvons créer un monde où personne n'a à cacher qui il est pour être aimé et respecté.


Extrait du journal personnel (souvenirs) de Samuel




0 vue0 commentaire

Comments


bottom of page