"À la croisée des chemins : Marcher dans l'anonymat de mon village natal"

Quelle sensation incroyable de marcher dans les rues familières de mon village natal Péribonka après ma transition de genre, et de me sentir à la fois chez moi et étranger. Les visages que je croise ne portent plus le poids des souvenirs partagés ou des attentes, mais me regardent avec une curiosité bienveillante, comme s'ils découvraient un nouveau venu dans leur communauté.

On me parle comme à un touriste, avec une politesse teintée d'un léger accent de surprise. Les gens me demandent d'où je viens, comment je trouve leur village, et je souris en répondant avec un mélange de vérité et de réserve. Parfois, je me prends à jouer le jeu, à me perdre dans les ruelles étroites et à m'émerveiller devant les paysages que j'ai pourtant vus mille fois.

Mais au fond de moi, je sais que ce n'est pas moi qui suis étranger ici. C'est le regard des autres qui a changé, pas mon lien profond avec ce lieu chargé de souvenirs et d'émotions. Chaque coin de rue, chaque maison, chaque arbre porte encore l'empreinte de mon passé, même si je ne suis plus la même personne que j'étais autrefois.

Il y a quelque chose de libérateur dans cette nouvelle forme d'anonymat. Je peux me promener dans mon village natal sans craindre d'être jugé ou scruté, libre d'être moi-même sans avoir à porter le poids des attentes ou des souvenirs du passé. C'est comme si je pouvais enfin respirer, me défaire des chaînes invisibles qui me retenaient autrefois.

Et pourtant, malgré cette nouvelle liberté, il y a toujours une part de moi qui se sent nostalgique. Je me souviens des jours où j'étais encore "elle", où chaque pas dans ces rues était empreint de familiarité et de douceur. Mais je sais aussi que cette transition de genre était nécessaire pour que je puisse enfin être en accord avec moi-même, pour que je puisse vivre ma vérité sans compromis ni regrets.

Alors je continue de marcher dans les rues de mon village natal, portant avec moi les souvenirs du passé et les promesses de l'avenir. Et même si personne ne me reconnaît, je sais que je suis chez moi, là où chaque pierre raconte une histoire et où chaque sourire est un rappel de l'amour qui m'a toujours entouré.